Psychanalyste, Simon a fait profession d'écouter les autres, au risque de faire taire sa propre histoire. À la faveur d'une brèche dans le quotidien - un bol cassé - vient le temps du rendez-vous avec lui-même. Cette fois encore le nouveau roman de Jeanne Benameur accompagne un envol, observe le patient travail d'un être qui chemine vers sa liberté. Pour Simon, le voyage intérieur passe par un vrai départ, et - d'un rivage à l'autre - par le lointain Japon : ses rituels, son art de réparer (l'ancestrale technique du kintsugi), ses floraisons...
Tout ce que l'exil fissure peut ouvrir de nouveaux chemins. En cette année 1910, sur Ellis Island, aux portes de New York, ils sont une poignée à l'éprouver, chacun au creux de sa langue encore, comme dans le premier vêtement du monde. Il y a Donato et sa fille Emilia, les lettrés italiens, Gabor, l'homme qui veut fuir son clan, Esther, l'Arménienne épargnée qui rêve d'inventer les nouvelles tenues des libres Américaines. Retenus un jour et une nuit sur Ellis Island, les voilà confrontés à l'épreuve de l'attente. Ensemble. Leurs routes se mêlent, se dénouent ou se lient. Mais tout dans ce temps suspendu prend une intensité qui marquera leur vie entière. Face à eux, André Jonsson, New-Yorkais, père islandais, mère fière d'une ascendance qui remonte aux premiers pionniers. Dans l'objectif de son appareil, ce jeune photographe amateur tente de capter ce qui lui échappe depuis toujours, ce qui le relierait à ses ancêtres, émigrants eux aussi. Quelque chose que sa famille riche et oublieuse n'aborde jamais. L'exil comme l'accueil exigent de la vaillance. Ceux qui partent et ceux de New York n'en manquent pas. A chacun dans cette ronde nocturne, ce tourbillon d'énergie et de sensualité, de tenter de trouver la forme de son exil, d'inventer dans son corps les fondations de son nouveau pays. Et si la nuit était une langue, la seule langue universelle ?
Trois trajectoires, trois personnages mis en mouvement par la disparition d'une femme, à la fois énigme et clé. L'enfant marche dans la forêt, adossé à l'absence de sa mère. Il apprend peu à peu à porter son héritage de mystère et de liberté. Avec un chien pour guide, il découvre des lieux inconnus. A chaque lieu, une expérience nouvelle. Jusqu'à la maison de l'à-pic. Le père, menuisier du village, délaisse le chemin familier du Café à la maison vide. En quête d'une autre forme d'affranchissement, il cherche à délivrer son corps des rets du désir et de la mémoire. Et puis il y a la grand-mère, qui fait la tournée des fermes voisines, dont le parcours encercle et embrasse le passé comme les possibles.
Elvis a réalisé un exploit. Il a posé une marque rouge tout en haut du mur du collège. Il mérite le titre de chef de la bande des Buttes-Rouges. Yasmina, elle aussi, entend bien montrer de quoi elle est capable. Une fille n'aurait-elle pas le droit de défier le chef ? N'écoutant qu'elle-même, Yasmina relève l'impossible défi